Inaptitude
Mise à jour : 12 avril 2023Le risque juridique le plus important est que le licenciement soit déclaré nul. Dans ce cas, au-delà de la possibilité d'être réintégré ou des indemnités de rupture habituelles, le salarié pourra solliciter une indemnité d'au minimum 6 mois de salaire. Le licenciement nul est notamment prononcé si l'inaptitude du salarié est due à un harcèlement que le salarié a subi dans l'entreprise. Mais, même en dehors de la nullité, les manquements aux règles concernant l'inaptitude sont sévèrement sanctionnés.
Que risque l'employeur qui ne reprend pas le versement du salaire à l'expiration du délai d'un mois ?
Absence de reclassement et de licenciement. Si l'employeur ne reprend pas le versement du salaire au terme du délai d'un mois, le salarié a le choix entre deux possibilités :
- soit se prévaloir de la poursuite de son contrat de travail et demander au juge d'ordonner le paiement des salaires tant que le contrat de travail n'est pas rompu
- soit demander la résiliation judiciaire ou prendre acte de la rupture de son contrat de travail aux torts de l'employeur, dès lors qu'il démontre que le manquement de l'employeur est suffisamment grave pour justifier cette rupture. Si la rupture est prononcée aux torts de l'employeur, elle produit les effets d'un licenciement sans cause réelle et sérieuse (voire d'un licenciement nul lorsque l'inaptitude a pour origine une situation de harcèlement moral) et adopte toutes les particularités liées à l'inaptitude du salarié, voir question dédiée, notamment l'indemnité spéciale de licenciement lorsque l'inaptitude est d'origine professionnelle Cass. soc., 8 sept. 2021, no 19-25.146Cass. soc., 15 sept. 2021, no 19-24.498 et l'indemnité compensatrice de préavis Cass. soc., 24 juin 2009, no 08-42.618.
Cette rupture à l'initiative du salarié reste toutefois risquée. La non-reprise du paiement des salaires peut en effet être considérée, en fonction des circonstances de la cause, comme un manquement qui n'est pas suffisamment grave pour justifier la prise d'acte ou la résiliation judiciaire du contrat de travail (Cass. soc., 26 oct. 2010, no 09-65.012).
Licenciement pour inaptitude passé le délai d'un mois. Une fois le délai d'un mois expiré, si un licenciement pour inaptitude est finalement prononcé, l'absence de règlement des salaires dans l'intervalle ne prive pas le licenciement de cause réelle et sérieuse. Le salarié peut néanmoins demander, outre le solde de rémunération à payer, la réparation du préjudice en résultant pour lui Cass. soc., 20 sept. 2006, no 05-42.930.
S'agissant des salariés protégés, lorsque l'employeur ne reprend pas le versement des salaires durant la période d'attente de l'autorisation administrative, le licenciement n'est pas irrégulier dès lors que l'employeur a saisi l'inspecteur du travail dans le délai d'un mois et a licencié le salarié suite à l'autorisation administrative Cass. soc., 16 nov. 2005, no 03-47.395.
Quelles sont les indemnités dues au salarié en cas de faute inexcusable de l'employeur ?
Dans le cas particulier où l'accident du travail ou la maladie professionnelle à l'origine de l'inaptitude est dû à une faute inexcusable de l'employeur, L'employeur commet une faute inexcusable lorsque le salarié est victime d'un AT ou d'une MP, lorsque l'employeur a manqué à son obligation de sécurité, qu'il avait ou aurait dû avoir conscience du danger encouru par le salarié et qu'il n'a pas pris les mesures nécessaires pour l'en préserver. Cass. soc., 11 avr. 2002, nº 00-16.535, le salarié peut :
- obtenir devant le Tribunal judiciaire Jusqu'à 2018, il s'agissait du TASS (Tribunal des affaires de sécurité sociale) qui juge que l'employeur a commis une faute inexcusable :
- une majoration de son capital ou de sa rente pour AT/MP Accident du travail ou maladie professionnelle
- l'indemnisation de ses préjudices CSS, art. L. 452-3 (préjudice causé par les souffrances physiques et morales endurées, préjudices d'esthétique et d'agrément Cass. 2e civ., 28 févr. 2013, nº 11-21.015, préjudice lié à la perte ou de la diminution de ses possibilités de promotion professionnelle Cass. 2e civ., 25 avr. 2007, nº 06-11.852, aménagement du logement et frais nécessaires pour l'utilisation d'un véhicule adapté Cass. 2e civ., 30 juin 2011, nº 10-19.475, préjudice sexuel Cass. 2e civ., 4 avr. 2012, nº 11-14.311, etc. )
- saisir le conseil de prud'hommes pour demander que son licenciement soit reconnu comme dépourvu de cause réelle et sérieuse et ce, quand bien même l'employeur n'a commis aucun autre manquement Cass. soc., 29 mai 2013, no 12-18.485Cass. soc., 17 oct. 2012, no 11-18.648. S'il obtient gain de cause, l'employeur sera condamné au paiement d'une indemnité déterminée selon le « barème Macron » en fonction de l'ancienneté du salarié et de la taille de l'entreprise, voir l'onglet "le droit en tableau".
Remarque
Si le salarié victime d'un accident du travail ou d'une maladie professionnelle avait signalé à l'employeur le risque qui s'est matérialisé, la faute inexcusable est automatiquement caractérisée Cass. 2e civ., 8 juill. 2021, no 19-25.550
Attention
Le salarié protégé qui soutient que son inaptitude est liée à un manquement de l'employeur à son obligation de sécurité peut, malgré l'autorisation de licenciement délivrée par l'inspecteur du travail, saisir le conseil de prud'hommes pour faire valoir tous les droits liés à l'origine de l'inaptitude CE, 20 nov. 2013, no 340591Cass. soc., 29 juin 2017, no 15-15.775. Si le salarié protégé a engagé une action en résiliation judiciaire avant le prononcé de son licenciement pour inaptitude, le conseil de prud'hommes ne peut pas, en application du principe de séparation des pouvoirs, se prononcer sur cette demande de résiliation judiciaire Cass. soc., 29 sept. 2010, no 09-41.127. Il peut toutefois faire droit à la demande de dommages et intérêts au titre de l'absence de cause réelle et sérieuse ou de la nullité du licenciement, lorsque l'inaptitude a pour origine un manquement de l'employeur à ses obligations (par exemple, lorsque l'inaptitude est consécutive à une situation de harcèlement moral) et condamner l'employeur au remboursement des indemnités d'assurance chômage Cass. soc., 17 oct. 2018, no 17-17.985Cass. soc., 15 juin 2022, no 20-22.430.
Quelle est la sanction d'un licenciement prononcé en l'absence de constatation régulière de l'inaptitude ?
Si l'inaptitude n'a pas été constatée correctement Par exemple l'employeur licencie le salarié avant la notification de l'avis d'inaptitude. , le licenciement du salarié est considéré comme fondé sur l'état de santé du salarié. Il s'agit d'un licenciement discriminatoire et donc nul C. trav., art. L. 1132-4. Le salarié peut alors C. trav., art. L. 1235-3-1 :
- soit demander sa réintégration dans l'entreprise et obtenir la réparation de la totalité du préjudice subi au cours de la période qui s'est écoulée entre le licenciement et la réintégration, dans la limite des salaires qui auraient dû être versés au cours de cette période
- soit demander le versement d'indemnités. Dans cette hypothèse, il a droit :
- aux indemnités de rupture, si elles n'ont pas déjà été versées (indemnité légale, conventionnelle ou contractuelle de licenciement, indemnité compensatrice de préavis et de congés payés)
- ainsi qu'à une indemnité réparant le préjudice subi du fait de la nullité du licenciement : au minimum 6 mois de salaire Cass. soc., 20 sept. 2006, no 04-48.629.
Si, en outre, une irrégularité de la procédure de licenciement a été commise, le salarié a droit à réparation soit par une indemnité distincte, soit par une somme comprise dans l'évaluation globale du préjudice résultant de la nullité du licenciement Cass. soc., 23 janv. 2008, no 06-42.919.
Que se passe-t-il si l'inaptitude du salarié est due au harcèlement qu'il a subi ?
Licenciement nul. Si l'inaptitude du salarié qui a fondé le licenciement est due au harcèlement qu'il a subi Harcèlement moral ou harcèlement sexuel , le licenciement est nul Cass. soc., 13 févr. 2013, no 11-26.380Cass. soc., 1er févr. 2023, no 21-24.652. Cela vaut pour tout salarié, même les salariés protégés dont le licenciement a été autorisé par l'inspecteur du travail Cass. soc., 15 avr. 2015, no 13-21.306.
Remarque
Par exception, les salariés protégés licenciés pour inaptitude peuvent demander devant le conseil de prud'hommes, au lieu du juge administratif, la nullité de leur licenciement en raison du harcèlement moral qui en est à l'origine Cass. soc., 15 avr. 2015, no 13-21.306. Ils peuvent également demander au juge judiciaire l'indemnisation du préjudice qui est résulté de ce harcèlement (Cass. soc., 27 nov. 2013, no 12-20.301CE, 20 nov. 2013, no 340591.
En cas de licenciement nul, le salarié peut solliciter :
- soit sa réintégration dans l'entreprise et obtenir la réparation de la totalité du préjudice subi au cours de la période qui s'est écoulée entre le licenciement et la réintégration, dans la limite des salaires qui auraient dû être versés au cours de cette période ;
- soit demander le versement d'indemnités :
- indemnités de rupture, si elles n'ont pas déjà été versées (indemnité légale, conventionnelle ou contractuelle de licenciement, indemnité compensatrice de préavis et de congés payés)
- indemnité réparant le préjudice subi du fait de la nullité du licenciement : au minimum 6 mois de salaire Cass. soc., 20 sept. 2006, no 04-48.629.
Il peut également obtenir des dommages et intérêts si une irrégularité a été commise dans la procédure de licenciement Cass. soc., 23 janv. 2008, no 06-42.919.
Attention
En cas de licenciement nul car discriminatoire, l'employeur peut être condamné au remboursement à Pôle emploi des indemnités de chômage versées au salarié dans la limite de six mois d'indemnités de chômage C. trav., art. L. 1235-4.
Dommages et intérêts pour harcèlement. Le salarié victime de harcèlement peut également solliciter des dommages et intérêts de la part de l'employeur :
- en réparation du préjudice causé par le harcèlement Cass. soc., 19 janv. 2012, no 10-30.483
- en raison du manquement de l'employeur à son obligation de sécurité. L'employeur peut s'exonérer de sa responsabilité en démontrant qu'il a pris toutes les mesures de prévention obligatoire et qu'une fois informé de faits susceptibles de constituer un harcèlement moral, il a pris toutes les mesures propres à le faire cesser Cass. soc., 1er juin 2016, no 14-19.702.
Remarque
Ces deux indemnisations (en raison du préjudice causé par le harcèlement et en raison du manquement de l'employeur à son obligation de sécurité) sont cumulables si le salarié démontre l'existence de deux préjudices distincts Cass. soc., 19 nov. 2014, no 13-17.729. Si la qualification de harcèlement n'est finalement pas reconnue par les tribunaux, le salarié peut tout de même être indemnisé pour les manquements de l'employeur à son obligation de sécurité Cass. soc., 27 nov. 2019, no 18-10.551.
Réparation des accidents du travail et maladies professionnelles. Le harcèlement dont est victime un salarié au travail peut causer un accident du travail voire une maladie professionnelle. Le salarié est alors pris en charge par l'assurance maladie à ce titre. Mais si l'employeur a manqué à son obligation de sécurité et commis une faute inexcusable, il doit, en outre, indemniser le salarié : voir question suivante.
Remarque
La faute inexcusable est reconnue devant le Tribunal judiciaire Jusqu'en 2018, il s'agissait du TASS (Tribunal des affaires de sécurité sociale). Le salarié pourra y obtenir une majoration de sa rentre ou de son capital pour AT/MP Accident du travail ou maladie professionnelle ainsi que l'indemnisation des préjudices subis. Il pourra ensuite saisir le conseil de prud'hommes pour que le licenciement soit jugé sans cause réelle et sérieuse ou nul selon les cas, mais il ne pourra pas obtenir d'autres dommages et intérêts, qui sont en principe déjà évalués devant le Tribunal judiciaire.
Discrimination et autres préjudices. Le salarié peut demander réparation pour tout autre préjudice subi, notamment pour discrimination, si le harcèlement est le fait d'une discrimination et que celle-ci a causé un préjudice distinct Cass. soc., 3 mars 2015, no 13-23.521.
Remarque
En cas de poursuites pénales du salarié coupable du délit de harcèlement sexuel, l'employeur ne peut pas se constituer partie civile aux fins d'obtenir réparation dans la mesure où le délit ne lui cause pas un préjudice personnel et direct Cass. crim., 4 sept. 2019, no 18-83.480.
Quelle est la sanction d'un manquement de l'employeur à son obligation de reclassement ?
Lorsque l'employeur a manqué à son obligation de reclassement, voir question dédiée, le licenciement est dépourvu de cause réelle et sérieuse. Les sanctions sont toutefois différentes si l'inaptitude a une origine professionnelle ou non Une inaptitude d'origine professionnelle est celle qui est due à un accident du travail ou une maladie professionnelle. .
Exemple
L'employeur manque à son obligation de reclassement s'il prononce le licenciement pour inaptitude sans même rechercher des solutions de reclassement ou sans avoir effectué de recherches suffisamment sérieuses, ou s'il initie la procédure de licenciement avant la constatation définitive de l'inaptitude, etc.
Inaptitude non professionnelle Une inaptitude d'origine professionnelle est celle qui est due à un accident du travail ou une maladie professionnelle. . Si le licenciement est sans cause réelle et sérieuse pour manquement à l'obligation de reclassement, l'employeur sera condamné au paiement :
- d'une indemnité pour licenciement sans cause réelle et sérieuse dont le montant est encadré par le « barème Macron », en fonction de l'ancienneté du salarié et de la taille de l'entreprise C. trav., art. L. 1235-3
- des indemnités de rupture :
- indemnité légale, conventionnelle ou contractuelle de licenciement et indemnité compensatrice de congés payés si elles n'ont pas déjà été versées
- l'indemnité compensatrice de préavis (bien que le salarié ne soit pas en mesure de l'exécuter Cass. soc., 7 déc. 2017, no 16-22.276Cass. soc., 23 avr. 2022, no 21-10.525. L'indemnité compensatrice de préavis est cumulable avec des indemnités journalières éventuellement perçues de la Sécurité sociale Cass. soc., 9 juill. 2008, no 06-44.240.
- du remboursement à Pôle emploi des indemnités de chômage versées au salarié dans la limite de six mois d'indemnités de chômage C. trav., art. L. 1235-4Cass. soc., 25 mars 2009, no 07-41.451.
Inaptitude d'origine professionnelle Une inaptitude d'origine professionnelle est celle qui est due à un accident du travail ou une maladie professionnelle. . Le juge peut proposer la réintégration du salarié dans l'entreprise, avec maintien de ses avantages acquis, mais il ne s'agit pas d'une obligation et l'employeur comme le salarié peuvent la refuser C. trav., art. L. 1226-15. Si le salarié n'est pas réintégré, le juge condamne l'employeur au versement :
- d'une indemnité qui ne peut être inférieure aux salaires des six derniers mois C. trav., art. L. 1235-3-1. Elle est calculée en fonction de la rémunération brute dont le salarié aurait dû bénéficier, et non pas en fonction du salaire net Cass. soc., 8 juill. 2003, no 00-21.862
- des indemnités de rupture si elles n'ont pas déjà été versées : indemnité compensatrice équivalente à l'indemnité compensatrice de préavis, voir question dédiée, indemnité spéciale de licenciement égale au double de l'indemnité légale C. trav., art. L. 1226-15, indemnité compensatrice de congés payés
- à Pôle emploi du remboursement des indemnités de chômage versées au salarié dans la limite de six mois d'indemnités de chômage C. trav., art. L. 1235-4Cass. soc., 25 mars 2009, no 07-41.451.
En revanche, l'employeur n'a pas à verser :
- l'indemnité pour non-respect de la procédure de licenciement Cass. soc., 22 juin 2011, no 10-14.486
- les dommages et intérêts pour absence de notification écrite des motifs s'opposant au reclassement Cass. soc., 23 oct. 2001, no 99-40.126
- l'indemnité réparant le préjudice résultant du caractère illicite du licenciement d'un salarié protégé Cass. soc., 30 juin 2010, no 09-40.347
- une indemnité au titre de la perte d'emploi, celle-ci étant comprise dans les dommages et intérêts d'au moins six mois de salaire Cass. soc., 29 mai 2013, no 11-28.799
- l'indemnité de six mois de salaire pour non consultation du CSE, celle-ci étant déjà due pour non respect de l'obligation de reclassement Cass. soc., 16 déc. 2010, no 09-67.446.
Attention
En cas d'impossibilité de reclassement du salarié déclaré inapte, l'employeur ne peut s'abstenir de licencier le salarié et décider de le maintenir délibérément dans une situation d'inactivité tout en lui versant son salaire. Un tel comportement constitue en effet un manquement suffisamment grave justifiant la résiliation judiciaire du contrat de travail à ses torts Cass. soc., 4 nov. 2021, n0 19-18.908
Quelles sont les conséquences de l'absence de consultation du comité social et économique ?
Licenciement sans cause réelle et sérieuse. L'absence de consultation du CSE prive le licenciement de cause réelle et sérieuse, que l'inaptitude soit, ou non, d'origine professionnelle Cass. soc., 8 avr. 2009, no 07-44.307Cass. soc., 30 sept. 2020, no 19-11.974. Si le salarié inapte est un salarié protégé, l'inspecteur du travail refusera d'autoriser le licenciement CE, 22 mai 2002, no 221600. En cas d'inaptitude professionnelle, le salarié peut prétendre au versement d'une indemnité qui ne peut être inférieure à six mois de salaire C. trav., art. L. 1226-15.
Sur les conséquences indemnitaires d'un licenciement pour inaptitude sans cause réelle et sérieuse : voir question précédente.
Remarque
Une seule indemnité de six mois de salaire est due au salarié en cas de violation de l'obligation de consultation des représentants du personnel sur les possibilités de reclassement et de méconnaissance par l'employeur des dispositions relatives au reclassement, en cas d'inaptitude professionnelle. Elles ne se cumulent pas Cass. soc., 16 déc. 2010, no 09-67.446.
De même l'absence de consultation des représentants du personnel et la méconnaissance par l'employeur des dispositions relatives à la motivation de la lettre de licenciement du salarié déclaré inapte ne sont sanctionnés que par une seule indemnité Cass. soc., 23 mai 2017, no 16-10.580.
Délit d'entrave. L'absence de consultation constitue un délit d'entrave au fonctionnement régulier du comité social et économique, sanctionné par une amende de 7 500 euros C. trav., art. L. 2317-1.
Astuce
Pour échapper à ces sanctions (délit d'entrave et licenciement sans cause réelle et sérieuse), l'employeur a la faculté de suspendre le processus de reclassement du salarié déclaré inapte afin de procéder à l'élection du CSE Cass. soc., 1er févr. 2017, no 15-14.852.
Quelle est la sanction de l'absence de notification écrite des motifs s'opposant au reclassement du salarié ?
L'employeur qui a omis de notifier par écrit au salarié, avant d'engager la procédure de licenciement, les motifs qui s'opposent à son reclassement, est redevable de dommages et intérêts équivalents au préjudice subi par le salarié Cass. soc., 18 nov. 2003, no 01-43.710. Ils ne se cumulent pas avec l'indemnité pour licenciement sans cause réelle et sérieuse Cass. soc., 15 déc. 2021, no 20-18.782, ni avec l'indemnité minimum de six mois de salaire sanctionnant notamment l'absence de recherche de reclassement des salariés dont l'inaptitude est professionnelle ou l'absence de consultation du CSE sur les possibilités de reclassement Cass. soc., 12 nov. 2002, no 00-45.560.
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Indemnité prud'homale de licenciement sans cause réelle et sérieuse, entreprise de moins de 11 salariés
Ancienneté du salarié (en années complètes) | Indemnité minimale (en mois de salaire brut) | Indemnité maximale (en mois de salaire brut) |
0 | Sans objet | 1 |
1 | 0,5 | 2 |
2 | 0,5 | 3,5 |
3 | 1 | 4 |
4 | 1 | 5 |
5 | 1,5 | 6 |
6 | 1,5 | 7 |
7 | 2 | 8 |
8 | 2 | 8 |
9 | 2,5 | 9 |
10 | 2,5 | 10 |
11 | 3 | 10,5 |
12 | 3 | 11 |
13 | 3 | 11,5 |
14 | 3 | 12 |
15 | 3 | 13 |
16 | 3 | 13,5 |
17 | 3 | 14 |
18 | 3 | 14,5 |
19 | 3 | 15 |
20 | 3 | 15,5 |
21 | 3 | 16 |
22 | 3 | 16,5 |
23 | 3 | 17 |
24 | 3 | 17,5 |
25 | 3 | 18 |
26 | 3 | 18,5 |
27 | 3 | 19 |
28 | 3 | 19,5 |
29 | 3 | 20 |
30 et au-delà | 3 | 20 |
Indemnité prud'homale de licenciement sans cause réelle et sérieuse, entreprise de 11 salariés et plus
Ancienneté du salarié (en années complètes) | Indemnité minimale (en mois de salaire brut) | Indemnité maximale (en mois de salaire brut) |
0 | Sans objet | 1 |
1 | 0,5 | 2 |
2 | 0,5 | 3,5 |
3 | 1 | 4 |
4 | 1 | 5 |
5 | 1,5 | 6 |
6 | 1,5 | 7 |
7 | 2 | 8 |
8 | 2 | 8 |
9 | 2,5 | 9 |
10 | 2,5 | 10 |
11 | 3 | 10,5 |
12 | 3 | 11 |
13 | 3 | 11,5 |
14 | 3 | 12 |
15 | 3 | 13 |
16 | 3 | 13,5 |
17 | 3 | 14 |
18 | 3 | 14,5 |
19 | 3 | 15 |
20 | 3 | 15,5 |
21 | 3 | 16 |
22 | 3 | 16,5 |
23 | 3 | 17 |
24 | 3 | 17,5 |
25 | 3 | 18 |
26 | 3 | 18,5 |
27 | 3 | 19 |
28 | 3 | 19,5 |
29 | 3 | 20 |
30 et au-delà | 3 | 20 |
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Procédure de licenciement pour inaptitude
Le salarié protégé qui soutient que son inaptitude est liée à un manquement de l'employeur à son obligation de sécurité peut, malgré l'autorisation de licenciement délivrée par l'inspecteur du travail, saisir le conseil de prud'hommes pour faire valoir tous les droits liés à l'origine de l'inaptitude (CE, 20 nov. 2013, no 340591Cass. soc., 29 juin 2017, no 15-15.775). Si le salarié protégé a engagé une action en résiliation judiciaire avant le prononcé de son licenciement pour inaptitude, le conseil de prud'hommes ne peut pas, en application du principe de séparation des pouvoirs, se prononcer sur cette demande de résiliation judiciaire (Cass. soc., 29 sept. 2010, no 09-41.127). Il peut toutefois faire droit à la demande de dommages et intérêts au titre de l'absence de cause réelle et sérieuse ou de la nullité du licenciement, lorsque l'inaptitude a pour origine un manquement de l'employeur à ses obligations (par exemple, lorsque l'inaptitude est consécutive à une situation de harcèlement moral) et condamner l'employeur au remboursement des indemnités d'assurance chômage (Cass. soc., 17 oct. 2018, no 17-17.985Cass. soc., 15 juin 2022, no 20-22.430).
En cas de licenciement nul car discriminatoire, l'employeur peut être condamné au remboursement à Pôle emploi des indemnités de chômage versées au salarié dans la limite de six mois d'indemnités de chômage (C. trav., art. L. 1235-4).
En cas d'impossibilité de reclassement du salarié déclaré inapte, l'employeur ne peut s'abstenir de licencier le salarié et décider de le maintenir délibérément dans une situation d'inactivité tout en lui versant son salaire. Un tel comportement constitue en effet un manquement suffisamment grave justifiant la résiliation judiciaire du contrat de travail à ses torts Cass. soc., 4 nov. 2021, n0 19-18.908
Pour échapper à ces sanctions (délit d'entrave et licenciement sans cause réelle et sérieuse), l'employeur a la faculté de suspendre le processus de reclassement du salarié déclaré inapte afin de procéder à l'élection du CSE Cass. soc., 1er févr. 2017, no 15-14.852.
Codes, lois et réglementation
Code de la sécurité sociale, Article L. 452-3
Code du travail, Article L. 1226-15
Code du travail, Article L. 1235-4
Code du travail, Article L. 2317-1
Code du travail, Article L. 1235-3
Code du travail, Article L. 1235-3-1
Code du travail, Article L. 1132-4
Jurisprudence
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 4340 du 23 octobre 2001, Pourvoi nº 99-40.126
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 1593 du 11 avril 2002, Pourvoi nº 00-16.535
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 1808 du 8 juillet 2003, Pourvoi nº 00-21.862
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 2419 du 18 novembre 2003, Pourvoi nº 01-43.710
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 2466 du 16 novembre 2005, Pourvoi nº 03-47.395
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 2080 du 20 septembre 2006, Pourvoi nº 05-42.930
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 156 du 23 janvier 2008, Pourvoi nº 06-42.919
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 1416 du 9 juillet 2008, Pourvoi nº 06-44.240
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 603 du 25 mars 2009, Pourvoi nº 07-41.451
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 748 du 8 avril 2009, Pourvoi nº 07-44.307
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 1368 du 24 juin 2009, Pourvoi nº 08-42.618
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 2077 du 20 septembre 2006, Pourvoi nº 04-48.629
Cour de cassation, Deuxième Chambre civile, Arrêt nº 646 du 25 avril 2007, Pourvoi nº 06-11.852
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 3207 du 12 novembre 2002, Pourvoi nº 00-45.560
Conseil d'État, Section du contentieux, 8ème Sous-section, Décision nº 221600 du 22 mai 2002
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 1393 du 30 juin 2010, Pourvoi nº 09-40.347
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 1809 du 29 septembre 2010, Pourvoi nº 09-41.127
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 1519 du 22 juin 2011, Pourvoi nº 10-14.486
Cour de cassation, Deuxième Chambre civile, Arrêt nº 1351 du 30 juin 2011, Pourvoi nº 10-19.475
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 2529 du 16 décembre 2010, Pourvoi nº 09-67.446
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 50 du 19 janvier 2012, Pourvoi nº 10-30.483
Cour de cassation, Deuxième Chambre civile, Arrêt nº 705 du 4 avril 2012, Pourvoi nº 11-14.311
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 2168 du 17 octobre 2012, Pourvoi nº 11-18.648
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 302 du 13 février 2013, Pourvoi nº 11-26.380
Cour de cassation, Deuxième Chambre civile, Arrêt nº 338 du 28 février 2013, Pourvoi nº 11-21.015
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 1029 du 29 mai 2013, Pourvoi nº 11-28.799
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 1022 du 29 mai 2013, Pourvoi nº 12-18.485
Conseil d'État, Section du contentieux, Sous-section réunies, Décision nº 340591 du 20 novembre 2013
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 2180 du 27 novembre 2013, Pourvoi nº 12-20.301
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 2049 du 19 novembre 2014, Pourvoi nº 13-17.729
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 394 du 3 mars 2015, Pourvoi nº 13-23.521
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 702 du 15 avril 2015, Pourvoi nº 13-21.306
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 1068 du 1 juin 2016, Pourvoi nº 14-19.702
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 201 du 1 février 2017, Pourvoi nº 15-14.852
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 926 du 23 mai 2017, Pourvoi nº 16-10.580
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 1179 du 29 juin 2017, Pourvoi nº 15-15.775
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 2562 du 7 décembre 2017, Pourvoi nº 16-22.276
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 1507 du 17 octobre 2018, Pourvoi nº 17-17.985
Cour de cassation, Chambre criminelle, Arrêt nº 1385 du 4 septembre 2019, Pourvoi nº 18-83.480
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 1647 du 27 novembre 2019, Pourvoi nº 18-10.551
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 819 du 30 septembre 2020, Pourvoi nº 19-11.974
Cour de cassation, Deuxième Chambre civile, Arrêt nº 772 du 8 juillet 2021, Pourvoi nº 19-25.550
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 918 du 8 septembre 2021, Pourvoi nº 19-25.146
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 982 du 15 septembre 2021, Pourvoi nº 19-24.498
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 1426 du 15 décembre 2021, Pourvoi nº 20-18.782
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 476 du 13 avril 2022, Pourvoi nº 21-10.525
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 761 du 15 juin 2022, Pourvoi nº 20-22.430
Cour de cassation, Chambre sociale, Arrêt nº 95 du 1 février 2023, Pourvoi nº 21-24.652